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LA BANDE DES CINQ (VASCA, ELBAZ, BRUA, JUVIN, BERTIN). “Notre vie fut une jeunesse”
Jacques
Bertin est un artiste rare, pour ne pas dire
essentiel, dont je ne me lasse pas de parler. La dernière fois,
c’était pour évoquer dans ce blog son dernier et si précieux album
personnel, Comme un pays. Ce que les moins de
vingt ans, voire nettement plus, ignorent trop c’est qu’au cœur des
années 70 Bertin fit partie, avec Vasca, Juvin, Brua et Elbaz de ce
qu’on appela « La bandes des cinq ». Sous le
titre fièrement assumé Notre vie fut une jeunesse !,
Jacques a eu la belle idée, à travers un CD, de rendre hommage et
justice à cette bande-là,
dont il dit, au verso du livret, que ce n’était pas « une
forteresse. Ni une Equipe de France. Ni une académie. Une bande, ça
s’évase, ça déborde, ça fuit de partout ! Chacun d’entre
nous avait d’autres amis, d’autres compagnonnages (…) Il y avait
d’autres bandes juste à côté. Mais voilà, c’était lui, c’était moi,
c’étaient eux, c’était le hasard, c’était comme ça, c’était
notre bande. » Des chansons, Jacques en a retenu quinze pour composer son tableau. Trois de Vasca, quatre de Juvin, trois de Brua, trois d’Elbaz et deux de lui. C’est, bien sûr, toute une époque qui remonte là, mais aussi et surtout tout un état d’esprit, tout un phrasé et une diction, tout un engagement sans calcul, tout un art de la chanson à la fois poétique et mélodique. Ecoutez Jean Vasca, dans Du sable des cendres du sel, évoquer « Le temps (qui) éventre ses chevaux sous lui, comme un cavalier fou » ; Jean-Luc Juvin, dans Mort de froid, répéter sur un air de valse : « Tourne la roue infernale/de la destinée sociale/tu n’as pas de travail/qui es-tu ? (…) Tu es sur le manège qui tue » ; Jean-Max Brua raconter, de sa voix chaude et grave, l’amour de passage à travers L’homme de Brive ; Gilles Elbaz s’interroger, tout en mélancolie retenue, sur Les oiseaux de mon enfance. Bertin clôt le parcours avec Adieu, amis de ma jeunesse, un inédit de 7’51 qui, à lui seul, vaut le déplacement tant il est bouleversant d’intensité et de tendresse grinçante. Ces amis que décrit Jacques, ce sont bien sûr ceux de sa bande : « Je les ai connus hommes libres/une guitare à gouverner/une fille une bière un livre/des théories plein les trous d’nez », chante t-il, accompagné seulement par le piano de Michel Goubin. C’est une fresque fraternelle qui se déroule là, une déclaration d’amour à ces potes bohêmes jugés comme lui « élitistes, intimistes » par un métier qui leur répétait : « Il fait pas très radio ton son ». « Amis, soyez toujours ces veilleuses qui tremblent/cette fièvre dans l’air comme une onde passante » répond en écho Bertin dans une courte pièce de Jean Vasca qu’il reprend en conclusion de l’album. Chamboulant.
Jean Théfaine
http://touteslesmusiquesquejaime.over-blog.com/article-petite-planete-tome-11-la-bande-des-cinq-areski-belkacem-60689740.html |
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Vasca – Elbaz – Brua – Juvin – Bertin // LA BANDE DES CINQ La bande des cinq, c'est une bande de copains, une bande de chanteurs. Cette bande, qui "n'est pas une forteresse (...) ni une académie", c'est Jean Vasca, Jean-Luc Juvin, Gilles Elbaz, Jean-Max Brua et Jacques Bertin. Cinq chanteurs regroupés le temps d'un album par Jacques Bertin pour rendre "Gloire à notre jeunesse", souligne le chanteur dans l'avant-propos d'une pochette dans laquelle se dessine page après page cette amitié. Du Paris de la fin des années 1960 à la maison d'été du Gard, des MJC au Syndicat français des artistes-interprètes, défile une jeunesse. Une "heureuse jeunesse" dont chacun des titres est l'évocation. L'évocation surtout d'une certaine idée de la chanson qui, "de la Bretagne à la Provence" va conduire les copains sur les routes. Un "Long voyage" qui, pour quelques-uns, s'est arrêté. Définitivement. De cette bande des cinq, Jacques Bertin a réuni quelques heures, quelques plages. A même écrit un titre en forme d'adieu ("Adieu, amis de ma jeunesse !"). Si "Les mots sont de la musique", ils sont aussi amitié. Il suffit d'écouter.
Stéphane Guihéneuf Stéphane Guihéneuf est journaliste au quotidien régional Le Télégramme |
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Vasca – Elbaz – Brua – Juvin – Bertin // LA BANDE DES CINQ Paris, fin des années 60, dans l’environnement du quartier Mouffetard. La Méthode, Le Bateau ivre, Chez Georges, Le Pétrin, La Mouffe, on y vit certes la fin des fameux cabarets. Mais y’a encore de beaux restes… Et plein d’artistes qui, pour la plupart, forment encore aujourd’hui l’essentiel de notre hexagonale chanson (on sort rarement de nulle part). Parmi eux, une sorte de « cercle de qualité », cinq gars frappés de talent et d’amitié. Déjà des grands auteurs. Et néanmoins activistes au service d’une certaine idée de la chanson. Jean Vasca, Gilles Elbaz, Jean-Max Brua (que nous avons évoqué, le mois passé, dans la rubrique « De derrière les fagots »), Jean-Luc Juvin et Jacques Bertin, le quintet est célèbre que, en admiration comme en réaction, on mit souvent en exergue. La chanson est devenue ce qu’on sait : ceux qui ont les faveurs des médias et font tourner la grosse économie. Et les autres, chanson souterraine qui, parfois, parvient à régaler nos oreilles. Ces cinq en font partie. En ont fait partie. Juvin, Brua et Elbaz chantent sans doute sur les nuages, pour de mignonnes angelotes. Bertin a eu envie de rassembler tout ce beau monde et autant de souvenirs sur ce disque. Et consacre à ses potes une autre chanson d’émotion, presque tracé d’une époque, itinéraire d’hommes libres. Faut-il dire que ce cédé a d’emblée sa place dans toute discothèque soucieuse et ordonnée. Dans toute discothèque passionnée, amoureuse du verbe et des gens.
Michel Kemper |
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Vasca – Elbaz – Brua – Juvin – Bertin // LA BANDE DES CINQ
La Bande des Cinq, Vasca, Elbaz, Brua, Juvin, Bertin. Notre vie fut une jeunesse, 15 titres. Comme son titre l'indique, l'album est une sorte d'hommage à une
bande de chanteurs (Bertin, Brua, Elbaz, Juvin, Vasca) qui, dans les années
soixante-dix, se côtoyèrent, mieux, se réunirent en
d'amicales rencontres et, à l'occasion, actions syndicales (au
sein du Syndicat français des artistes/SFA) pour la promotion d'une
chanson non formatée. Pour la beauté du geste ou avec succès,
à chacun de dire. Le texte de Jacques Bertin, artisan de cette
chronique touchante fait revivre ces moments dans le détail et
retrace en chansons le destin de chacun des cinq. Trois d'entre eux ont
disparu (Brua, Juvin, Elbaz). Au-delà de l'indispensable document
utile aux connaisseurs de chansons, l'album à la conception élégante
permet également de réécouter quelques chansons de
ces infatigables nomades qui sillonnèrent les routes de France
et de Navarre. "Adieu, amis de ma jeunesse" offre encore
Bertin dans une longue séquence à sa façon. A des
amis qui nous voulaient du bien.
Robert-Frédéric
Migliorini |
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Richard Vaillant |