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JACQUES BERTIN, Seul dans le paysage
« Le
désespoir est une forme supérieure de la critique »
disait Léo Ferré. Peut-être. Mais c’est probablement aussi le terreau
d’un espoir nouveau. La dernière chanson porte comme une offrande un vœu éternel, remettant Rudyard Kipling au goût du jour : If, dans la traduction adaptée d’André Maurois, avec sa chute prometteuse : Tu seras un homme, mon fils. L’espoir désespéré de Bertin est conçu d’un peu de douceur, de tendresse, d’amour, de joie, de beau temps ; « Un peu d’espoir, trois fois rien. » Ce sont des gestes simples, accessibles, qu’il nous faudrait retrouver. Les chemins de ce bonheur-là passent par des jardins plus extraordinaires encore que celui de Trenet ou par des bistrots aux noms de rêves, sur des musiques langoureuses ou plus rythmées. Notons les accompagnements de Laurent Desmurs aux claviers et de Francis Jauvain à l’accordéon ou l’accordina, qui soulignent avec de belles nuances et quelques beaux éclats, les textes magnifiques.
Ce vingt-huitième album (si l’on compte les vinyles originaux) pose un jalon dans le parcours de son auteur. Oui, il est seul dans le paysage, mais nous sommes tous seuls. Ensemble demeure une utopie, un vieux rêve à transmettre. Et pourtant, comme la chanson, nous sommes le même fleuve. Un vieil air du jazzman Eric Dolphy me revient : Alone together, c’est la quadrature du cercle, le nœud même de nos incertitudes avérées et, pourquoi pas, l’oxymore de la sagesse. Michel Trihoreau http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2016/08/18/jacques-bertin-seul-dans-le-paysage/ |
mais
qu'est-ce qu'on nous chante ?
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JACQUES BERTIN, Seul dans le paysage L'air libre de Bertin C'est un homme de mots et de notes, qu'écoutent seuls dans leur coin quelques centaines d'admirateurs. Sa faute à lui d'abord, qui, avec courage, s'autoproduit depuis quarante ans, s'étant volontairement mis à la marge. Histoire d'avoir la paix. Mais cela n'empêche pas son œuvre d'avoir été deux fois couronnée par le Grand Prix de l'Académie Charles Cros. Il y aurait un livre à écrire sur l'art de Bertin. Trois ans après L'ÉTAT DES ROUTES, dont la beauté laissait bouche bée, le vingtième-huitième volet de sa discographie est sorti juste avant l'été: SEUL, DANS LE PAYSAGE. Disponible chez Velen, contre une vingtaine d'euros qui ne pèse pas bien lourd pour autant de grandeur. Bertin écrit, compose et chante avec le soin de l'accordeur. D'ailleurs, a-t-on pratiqué ce métier de troubadour avec autant de dignité dans l'exercice particulier qu'est celui de la diction, de l'interprétation depuis, disons, Yves Montand? Rien ne dépasse mais tout s'envole au souffle de son inspiration. «Vous étiez réunis, je vous sentais dans l'ombre / Les yeux sur moi comme ceux de mille félins…», dépeint-il pour ouvrir l'album, et l'on comprend d'entrée que rarement chanteur n'avait tendu à son public miroir aussi profond. «Tout ce que vous n'osez pas dire, qui vous pèse, / La foi qui n'a nulle issue, le besoin d'amour, / Je sais cela, hors vous étiez comme la braise / Qui chante et fait ce parfum d'orchestre du four...» C'est parce que ses chansons uniques ont le pouvoir de dompter les âmes perdues qu'elles leur deviennent indispensables. Explorateur d'une voie sur laquelle deux aventuriers ne pourraient pas marcher de front, Jacques Bertin avance. En solitaire.
Baptiste Vignol http://delafenetredenhaut.blogspot.fr/2016/12/lair-libre-de-bertin.html |
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JACQUES BERTIN, Seul dans le paysage
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