Reviens, Draïssi !
Ecrits sur la chanson

2006

 

Editions Le Condottiere

 

190 pages

15 €


 

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Message urgent aux membres de la tribu, de la secte, aux maquisards, aux francs-mac' de la poésie chantée, de la chanson d'auteur.

Procurez-vous toutes affaires cessantes le dernier livre de Jacques Bertin "Reviens, Draïssi! - écrits sur la chanson" (Le Condottiere, éditeur). Un recueil d'articles et de conférences, dont certains inédits - où vous trouverez lumineusement exprimé tout ce que vous avez sur le coeur et sur la patate.

Le livre est d'abord un réquisitoire contre le nouvel ordre instauré, via le showbusiness, par la société de marché. Avec la même colère que jadis (1981) dans "Chante toujours tu m'intéresses" (Le Seuil), Bertin y bastonne "de longue", et exemples à l'appui, le système mis en place pour "faire taire le peuple (...), lui faire ravaler ses aspirations trop nobles en les ramenant à quelques thèmes maniaques, quelques élans miteux, quelques gimmicks interminablement répétés. Découiller les mots, calibrer les sujets, couper les ailes aux passions, à l'histoire, auix idéaux, raboter, dénoyauter, mettre sous plastique, on s'en occupe"... Il décrit l'inanité d'une certaine "jeune chanson" d'aujourd'hui avec ses histoires de mobylette à Viroflay et autres petits faits, que le "jeune chanteur" évanescent vous détaille d'une voix d'adolescent asthénique : "Ce n'est pas des polypes qu'il a sur les cordes vocales, c'est une cellophane protrectrice à base de miel doux".

C'est aussi un plaidoyer pour un chant qui va à "à la recherche du mystère, du charme et du tragique" et pour un patrimoine de mille chefs d'oeuvre aujourd'hui totalement laissé de côté - sans doute parce que sa "diffusion, comme un humiliant rappel à la beauté, pourrait perturber la machine à décerveler" - et qu'il voudrait, lui, remettre au répertoire : il publie en annexe son projet d'un "Conservatoire national du patrimoine de la chanson".

Enfin, on trouvera dans le bouquin nombre de superbes saluts fraternels à quelques chanteurs morts ou vivants : Douai, Ferré, Magny, Vasca, Leclerc, Mouloudji, Pierron, Serizier... et autres "compagnons d'aventure des soirs d'hiver à Rabastens"...

Voilà du grand "Bertin" ! "Je ne suis ni un historien ni un théoricien de l'esthétique, écrit-il. Je suis un téméraire qui cherche la bagarre. Ou plutôt qui, étant dans une bagarre, ne fait pas semblant d'être aux champignons". A le lire, on se sent tout de suite moins seul !

Jacques Bonnadier