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Décembre 2016
Soudain, ce 21 décembre : Vasca est mort ! Affreux.
Mort dans son sommeil ! Sans dire au revoir !
Il
a été incinéré à Saint-Martin de Valgagues, près d'Alès, le 28
décembre. Parmi d'autres amis, JB a lu quelques vers de son vieux
compère :
attablez-vous voici du vin et du soleil...
parlez d’ailleurs d’autres parfums d’autres couleurs le temps est incertain je ne suis sûr de rien un nuage qui passe et c’est l’ombre d’un doute on voudrait en finir avec la solitude avec le mal de vivre et les couteaux rentrés je traque dans les mots des espaces possibles toujours au fond du cœur rougeoie ce rouge-gorge
les jours s’étirent un ciel se trouble on se souvient entre vos doigts du sable roule enfant lointain cette vie qui s’en va tu ne la retiens pas un matin tu t’éveilles et c’est comme une écharde on est de ce pays de ratures et de rides un fil usé se brise et tout se désaccorde j’éponge avec des mots toute une eau noire qui monte toujours au fond du cœur rougeoie ce rouge-gorge
le temps se tait verrou tiré sur l’avenir la mort plantée comme une dent dans ce silence un mégot se consume il balise ta nuit c’est un cri mal éteint dont tu n’es que la cendre on est au bord de tout dans cette horreur du vide à perdre au jour le jour la guerre inguérissable je sème dans les mots comme un blé de renaître toujours au fond du cœur rougeoie ce rouge-gorge
attablez-vous voici du vin et du soleil...
Quelques vers, d'un autre poème :
salut soleil ! vieil œuf ! vieil ours plein du miel des planètes ! …/... fais-nous sortir une fois pour toutes du grand trompe-l’oeil !
d’un coup d’épaule fais-nous tomber dans la bouche toutes les braises et les groseilles du panier percé des galaxies ! brûle-moi le cœur ! brûle-moi la rage au fond ! brûle-moi l’os et l’ongle ! dénoue-moi le sac ! brûle brûle jusqu’à la cendre ! jusqu’à la poudre fine de l’être éparpille-moi aux quatre vents du monde !
Et enfin quelques vers de sa chanson : Nous n'avons de châteaux…
Nous n'avons de châteaux qu'engloutis en nous-mêmes La musique du siècle bourdonne à nos oreilles Les moteurs de la mort échauffent en nous leurs bielles Et nous cherchons en vain de nos destins l'emblème
…/... Nous n'aurons de châteaux qu'au delà de nous-mêmes Dans l'espace gagné où perce enfin réelle Cette étoile impossible qui nous écartèle Nous n'aurons de châteaux qu'au delà de nous-mêmes
...Puis nous sommes allés nous réunir à la mairie de Barjac, autour d'un verre, pour à nouveau parler de lui…
Amis, soyez toujours ces veilleuses qui tremblent...
Que vive, que survive l'amitié.
Jacques
Bertin - 31 décembre 2016
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