Du vent, Gatine ! (Un rêve américain) 1989 Editions Arléa 217 pages épuisé mars 2016 : maintenant disponible en langue anglaise... (The bitter kneehills, A dream of America) 20 € | A la fin du siècle dernier, René Gatine quitte la France et les bords de Loire pour tenter sa chance dans les prairies canadiennes. Un grand rêve américain! Des projets de ranches et de chevaux, une belle énergie de bâtisseur face aux horizons sans cesse reculés vers l'ouest... Mais pour des milliers d'émigrants --s'en souvient-on?-- le rêve tourna court. La misère, parfois, vous colle à la peau comme une peste incurable. Et une vie entière peut s'épuiser à la conjurer. Alors la "grande Prairie" des rêves d'enfance devient peu à peu, sous des ciels vertigineux, un exil où les hommes s'acharnent, à mains nues, contre le destin. De 1891 à 1944, René et Aimée Gatine ont ponctuellement écrit à la famille restée au pays. Des dizaines et des dizaines de lettres qui, sans fioritures, reconstituent la chronique d'un rêve fracassé. Ces lettres authentiques, retrouvées dans un grenier de l'Anjou, forment la trame de ce récit. Mais Jacques Bertin est aussi allé sur les lieux. Il a retrouvé là-bas, à Carbon en Alberta, le ranch des Gatine oublié sous le vent. Il a renoué les fils de l'histoire, rassemblé les photos et les souvenirs. Voilà un récit brutal et tendre qui est aussi un hommage à tous les rêveurs que l'histoire a vaincus. |
La Vie 10 février 1990 | Du vent, Gatine ! Un rêve américain, de Jacques Bertin Oui, c'était du vent, ces Eldorados dont ils avaient rêvés. Jacques Bertin, le poète, le chanteur, a eu entre les mains les lettres que, pendant cinquante ans, l'épouse de René Gatine écrivit à la famille de France. Gatine, un Angevin parti chercher fortune dans l'Ouest canadien, en 1891. Aimée, sa femme, dit la vie difficile des pionniers de la prairie, le climat rude, les échecs, les illusions perdues, les mirages brisés. Bertin a fait toute une recherche pour situer l'époque en France et dans ce Canada où jamais un Indien n'apparaît au fil des missives. Il s'est rendu sur place pour retrouver les traces de René et d'Aimée, rencontrer leurs petits-enfants, confronter la vérité écrite, faussée parfois par la fierté, la tradition orale, enjolivée par la légende. Dommage que Bertin ne s'efface pas assez derrière ses personnages. Mais quel destin passionnant, qui peu à peu s'impose: celui des perdants du Nouveau Monde! A. D. |